mardi 10 mai 2016

Jules Verne, un passeur de sciences

Je n'en ai pas fini avec les lectures à voix haute offertes au lutin. Il va sur ses 10 ans et pourtant je ne m'arrête pas. Ces moments n'ont rien à voir avec ceux de lecture individuelle ou même de ses lectures à voix haute.
D'une part, elle permet d'être plus rapide et d'offrir ainsi des textes un peu plus long sans lui demander cet effort. Pourquoi? Parce qu'il est bon aussi qu'il ne se concentre que sur la compréhension et l'imaginaire.
Cela permet aussi de se poser bien plus de questions et d'en parler même sans trouver forcément de réponses. Il lui arrive aussi de demander des compléments, nous allons alors regarder des atlas, des documentaires sur un élément précis.


Je me suis beaucoup inspirée des voies d'apprentissage de Serge BOIMARE, pédopsychiatre. Non, je ne l'ai pas lu... pas encore. Les processus qu'il décrit sur l’échec scolaire semblent être pertinents mais je me suis concentrée sur les éléments mis en œuvre pour délier les frustrations, les peurs archaïques et la réflexion.
Il met ainsi en avant la médiation culturelle. Je ne peux qu'adhérer. Et particulièrement la lecture à voix haute par un adulte d'un texte fondateur. Il propose après un débat pour une meilleure compréhension du texte mais aussi des questions universelles.

Nous avons ainsi lu de la mythologie, grecque (merci surtout aux feuilletons de Murielle SZAC) ou autre, puis sur les chevaliers mais nous sommes restés un peu hermétiques, le chenapan et moi. Les histoires peuvent être fabuleuses mais nous n'avons pas encore trouvé (je n'ai pas encore trouvé) de quoi rebondir à notre lecture un peu chaotique.
Lecture offerte avec ou non un petit travail derrière mais pas de débats après lecture à proprement parlé, le crapouillot étant assez loquace pour illustrer le propos au besoin.

Puis voilà, nous démarrons un grand projet, en plusieurs temps, avec arrêts obligatoires, selon motivation et au long court (parce que la matière à lire est énorme): nous démarrons les lectures de Jules VERNE. Ses "Voyages extraordinaires" sont nombreux, près de 80... nous nous arrêterons ici et là.


Je n'ai jamais lu de Jules VERNE. C'est pourtant un des rares auteurs que j'aurais pu retrouver dans les maisons familiales. J'en ai bien lu quelques pages et aussitôt j'étais prise d'un ennui assoupissant. Pas moyen de passer la page 100. Alors pourquoi y revenir? Pourquoi offrir du soporifique? Parce qu'il est tout de même un auteur de l'aventure et des possibles.
Quand Serge BOIMARE parle de lui comme auteur référent, je ne suis pas étonnée. Il est tout de même de la veine des explorateurs, fictif (?). Alors oui, je compte ouvrir des atlas, des dictionnaires et des encyclopédies avec sa lecture. Et je me prépare à cette lecture offerte, accompagnée, ouverte et pourtant dirigée.

Oui mais voilà, je comptais offrir par là-même des leçons de chose. Un peu de biologie, d'astronomie, de botanique, de mécanique etc... Une forme d'illustré scientifique.
Il existe ainsi quelques versions des Voyages (par numéro aussi) augmentées d'un support explicatif. Celles dont nous nous servirons pour l'instant:
- "Autour de la lune" (9ème) illustré par Jame's PUNIER et annoté par Jean-Pierre VERDET, ancienne édition Gallimard jeunesse. Que nous avons démarré.
- "Le Tour du monde en 80 jours" (14ème) avec appareil pédagogique de Laurence SUDRET et surtout pour ce qui m'intéresse maintenant une frise historique et culturelle, édition Magnard.
Restent "De la terre à la lune" (4ème) et "Les 500 millions de la begum" (19ème) pour plus tard.

Ne trouvant pas de fichier tout prêt me permettant d’allier récit fictif de VERNE et propos de présentation scientifique, j'ai cherché dans les essais.
- "Jules Verne et les sciences, cent ans après de Michel CLAMEN
- "Jules Verne l'enchantement du monde", conversations de Michel SERRES avec Jean-Paul DEKISS.
VERNE anticipait-il les sciences? Offrait-il autant de science-fiction que de réalités avérées? Michel SERRES et Michel CLAMEN ne semblent pas d'accord. Pour le premier, l'auteur vulgariserait surtout les propos scientifiques de son temps, voire juste de sa génération (la théorie scientifique étant en avance sur ces pérégrinations inventées). Je n'irais pas plus loin ici, si ce n'est que le second va m'offrir un écrin aux lectures sur le contexte scientifique de Jules VERNE.

Oui mais Michel SERRES marque bien les limites de mes illusions à partager de la science, il me faudrait plus de latente que de patente. Oui mais bon!
"Distinguons donc la science patente, par exemple la biologie des poissons, chez Nemo, l'astronomie de Black, la géographie ou l'entomologie de Paganel, que tout le monde voit et qui ennuie le lecteur souvent: jamais intéressante parce que l'auteur la recopie sans qu'elle entraine l’œuvre littéraire. Le lecteur se moque qu'il sache par cœur la classification des poissons ou celles des strates de la Terre, copiée chez Boucher de Perthes ou ailleurs. Loin de la science, voilà du pur plagiat, charge pesante pour le texte et non son moteur, d'invention ou d'allure. Le moteur seul passionne, car il entraîne, fait courir de l'avant et donne au récit vent arrière." (extrait de "Jules Verne l'enchantement du monde", conversations de Michel SERRES avec Jean-Paul DEKISS)
La documentation sera pourtant de la partie chez nous, pour cette lecture offerte et guidée, et je laisserais la science latente, celle que nous n'attendons pas, s'infiltrer seule dans la lecture du petit d'homme.
En attendant je continue la lecture de ces deux essais pour continuer à découvrir cet auteur autoritaire/augmenteur et celle de Jules VERNE qui nous emmène sur la lune... quoique pas sûr!

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