mercredi 29 octobre 2008

Des couteaux, planches à découper et verrière

Une surprise pour occuper une demi-journée. Voilà ce que fut mon cadeau d’anniversaire… en fait, ce fut : faire le marché et cuisiner avec un grand chef…un cours de cuisine où nous avons tous pris notre temps.

Entre une arrivée privilégiée avec petit café ou thé et des petites viennoiseries, un départ dans le froid pour les commerçants de mon quartier et de nombreux échanges unidirectionnels (nous étions des pompes à informations), une pause réchauffante pour faire leur affaire aux viennoiseries restantes avec thé ou café et un retour en cuisine, le bonheur !
Quasiment en dessous de la balançoire déstabilisante (pour moi) de ce billet-ci, j’avais rendez-vous à l'Atelier des chefs. Avec une équipe de 5 autres compères, le chef Sullivan et un commis (manager frigorifié venant du sud), nous sommes allés juste à côté de chez moi découvrir des commerçants aux produits de choix, dont une poissonnerie aux produits extra-frais. Ayant vécue longtemps près d’un port de pêche dans la presqu’île Bauloise et levée aux horaires de la criée, je n’avais pas osé rentrer dans une poissonnerie parisienne. Alors oh comble du bonheur : j’ai appris à choisir dans une poissonnerie …en bas de chez moi.
Le choix des poissons, rigidité cadavérique, branchies rouges, mucus recouvrant les écailles et œil bien brillants. Mais aussi le choix des homards, bleus (bretons ou européens) ou bruns (canadiens), des crustacées, des « crevettes ». Et puis des indices de découpes en fonction du nombre de filets, 4 pour les poissons plats, 2 pour les autres (sauf le thon à l’arrête centrale en forme de croix), des indications pour la cuisson des encornets, couteaux, espadons, thons, darnes de poissons… mais aussi des indications de pêche, d’ouverture de crustacées…

Le marchand de légumes et les produits de saisons, le choix des clémentines, comme celui des ails, oignons ou échalotes, ou légumineuses. Mais aussi une association avec les racines et les coings (de saison). Et une distinction des figues (autre que le fruit du cactus, figue de Barbarie) dont la période de consommation est extrêmement réduite.



Après nous nous sommes retrouvés en cuisine à suivre les associations du chef et ses astuces de tous les instants. Au menu : velouté de potiron acidulé, chips de châtaignes et œuf mollet ; homard et son chutney d’oignons ; macaron orange à la ganache de chocolat.
Et quel bonheur ! A chaque fois le chef nous expliquait les caractéristiques du produit à découper, à cuire. Ainsi un émincé d’oignon ou d’échalote sans pleurs ne nous a pas fait peur. Le potiron nous a donné toute sa douceur et l’œuf mollet tout son moelleux (sans être abimé).
Le plus dangereux fut l’ « épée de Damoclès » pour la mise à mort du homard, vivant, sa queue et ses pinces sont restées actives… longtemps. Et puis entre la caresse sous la queue pour voir sa fraîcheur et la manière de le châtrer… il a été mis à mal, sans acharnement ni charpie …et sans consentement.
Après nous nous sommes montrés bien novices dans l’art de macaroner. Les 3 astuces n’ont plus de secret pour nous mais même si la meringue à la française, le tamisage et l’ouverture du four pour l’humidité nous ont été révélés, la pratique a été très laborieuse. La poche à douille fut bien en tension, passée de main en main et pincée par la jointure du pouce et de l’index. L’association amande, sucre glace et meringue fut bien appliquée en laissant l’embout au milieu en cours d’application, l’espace entre chaque « coque » fut respecté… et puis le remplissage et le vissage sont devenus une pratique « courante »… mais la technique est effectivement très, très présente… il faudra louper quelques fournées… mais adieu macarons du commerce : je vais savoir comment me faire plaisir, seule !


Et puis nous avons dégusté ensemble… avec un verre de vin blanc…et les doigts (homard oblige). Je n’ai pas pris de photos, je n’ai pas osé, un compère l’a fait…Et enfin nous avons demandé le parcours de notre chef Sullivan … et avons pris la mesure de notre bonheur par le récit des autres cours et des petites frustrations dûes au manque de temps et au nombre des participants. Nous avons pu apprécier, poser beaucoup de questions sans rapport forcément évident avec le plat et avons pu savourer en pensant aux autres cours proposés.

Il vous manque le détail des astuces et des menus… mais c’est secret ! Non, ce n’est pas tellement cela mais c’est dommage de gâcher l’enthousiasme que vous aurez à partager avec un chef. Il saura vous le dire avec finesse, chaleur et générosité, mes mots seraient bien trop hors de propos là mais seront sûrement présents dans de prochaines recettes. Il vous faudra en attendant, économiser et réserver un cours de cuisine à l'Atelier des chefs (à Paris dans de nombreux quartiers et en province).

Il me reste mes notes prises après coup, arrivée chez moi et … euh…

eux… pour un test de moelleux (mais oui, mais oui je me dévoue !)

Je n’ai qu’une seule envie, me retrouver dans cette boutique atelier, conviviale et chaleureuse, et devant ma planche à découper sous la verrière, avec aux commandes un des deux chefs. Début 2009, sujet : préparation d’un diner pour deux ! Vous m’y retrouverez sans doute !

mardi 28 octobre 2008

Méditation, jeûne et exercice pour un guerrier

Quelques fois vous n’auriez jamais cru vous intéresser à certains livres. Et pourtant, quelques échanges plus loin et me voilà enthousiaste… et conquise.
Arlette m’avait parlé de ce livre, entre plusieurs autres, et je l’en remercie. Je sais être encore dans une phase de consummation (et non consommation) spirituelle mais reste certaine que certains sentiers seront plus empruntés que d’autres. Alors oui, j’ai lu avec beaucoup de plaisir « Le guerrier pacifique » de Dan MILLMAN.


J’ai suivi cette fiction aux brins d’autobiographie dans cette initiation à l’illumination, au chemin vers le statut de guerrier pacifique. Dan rencontre un vieil homme, surnommé Socrate à l’occasion, dans une station service un soir. De nuit en nuit, une relation amicale, de maître à élève, s’installe… vers une appréciation différente du réel, une victoire sur ses peurs, ses utopies de vie, ses lâchetés. Ou comment devenir le guerrier (actif) pacifique de sa vie quand nous sommes pourtant un champion de sport accompli.

Je ne pouvais que me sentir concernée dès le début : « Tu comprends beaucoup de choses, mais tu n’as pratiquement rien réalisé. »… « (…) la valeur d’un secret ne réside pas dans ce que tu sais, mais dans ce que tu fais. »
Par des voyages télépathiques, fictifs, Dan se remet en cause, devient plus attentif à lui-même et à son fonctionnement, cérébral et physique.
D’une part, le mal-être dû aux pensées négatives est une conséquence du bavardage du mental. « Le mental est une excroissance illusoire des processus cérébraux fondamentaux. Il ressemble à une tumeur. Il comprend toutes les pensées aléatoires et incontrôlées qui, surgies du subconscient, font surface dans notre conscient comme des bulles. La conscience n’est pas le mental ; l’attention n’est pas le mental. Le mental est une obstruction, une aggravation. Il s’agit d’une sorte d’erreur dans l’évolution de l’être humain, une faiblesse de base de l’expérience humaine. » Un carnet permet à Dan de se rendre compte de la multitude de ses pensées et de leur négativité. La pensée serait une réaction inconsciente à la vie : une demande de rééquilibrage physique mais aussi psychique. En temps de trouble, il faudrait laisser nos pensées et s’occuper de notre esprit. Une des premières approches d’un jeûne de l’esprit est la méditation : « le silence est l’art du guerrier… et la méditation est son sabre. » Ma lecture date de quelques mois et pourtant je suis ravie de constater que l’approche du livre, loin d’être dans les modèles extrêmes, exploits de la méditation, renvoit plus à une pratique régulière, un souffle, une énergie et non une activité pseudo-spirituel montrée comme un étendard pour se faire beau. En cela, la lecture de « L’art de la méditation » de Matthieu RICARD est attendue. La méditation est un acte de rééquilibrage de l’esprit, l’action de l’inaction. Un petit bémol cependant : Socrate accroche l’attention de Dan en sautant par-dessus la station service. Là il ne faut pas voir de réelles aptitudes à la ninja mais plus une métaphore et une accroche spirituelle.


*source de l'Homme volant du Cirque du Soleil, spectacle Allégria

Et par des circonstances douloureuses mais aussi de nombreux exercices vus comme une hygiène de vie, Socrate entraîne Dan à ne plus être victime de sa vie mais acteur, guerrier. La colère des situations devient une colère maîtrisée et dirigée, pour prendre place de la peur ou la tristesse. L’alimentation est aussi un point principal des méthodes de recentrage (pour se trouver). Dans ce livre, après un jeûne purificateur et des exercices physiques, l’alimentation devient végétarienne, vivante et très crudivore. Ainsi la vraie force de l’homme serait nous de savoir se battre mais bien plus de se connaître et retrouver un équilibre, santé et esprit. La même application est donnée au traitement de la douleur et du corps, dans tous ses muscles… un massage jusqu’à l’os pour acquérir cette aptitude des chats à avoir des muscles « fondants ».
Ce livre permet aussi de reprendre goût à nos envies, formes détournées d’un accès au satori (bien-être zen).

Il est bien dur de parler de ce livre. Il nous parle ou nous laisse de marbre. Il se lit à plusieurs niveaux. J’avais été enthousiasmée et angoissée. Ce livre n’est pas une méthode mais pour peu que vous commenciez un chemin spirituel il apporte des réponses, des envies, des intuitions positives. Maintenant faire le chemin d’ascète que Dan, un sportif, a fait, cela devient difficile… mais très instructif : la vraie santé physique et spirituelle n’est pas l’apanage des plus grands sportifs ou des plus grands praticiens de la méditation et d’une alimentation vivante… il faut être conscient à chaque instant de chacun de nos gestes.

Une lecture, relecture à faire, refaire, à exploiter, à mettre en application le plus possible pour voir derrière les mauvais jours un simple mauvais jour et non une cause de désespoir. J’aime beaucoup cette idée de guerrier et cette injonction de vie, ici vous pourrez lire le modèle du guerrier dans ce qu’il prévoit d’action et d’harmonie du corps et de l’esprit.
Une très belle relativité des choses est proposée par Dan MILLMAN lui-même. Et ici vous lirez le pourquoi du livre. Et pour vous faire une idée de ce que propose Dan MILLMAN c’est aussi ici.
La p'tite nénette me rappelait aussi qu’il y a eu un film tiré du livre, « Peaceful warrior ». A voir, c’est sûr ! En attendant, le premier pas du guerrier est la désillusion, voyez plutôt.

lundi 27 octobre 2008

Désillusion, premier pas d'une guerrière

« « Si tu n’obtiens pas ce que tu désires, tu souffres ; et même lorsque tu obtiens exactement ce que tu veux, tu souffres encore parce que tu ne peux pas le garder éternellement. C’est ton mental qui crée cette situation. Il veut s’affranchir du changement, de la douleur, des obligations et de la mort. Mais le changement est une loi dont rien ne diminuera la réalité. »
« Socrate, tu peux te montrer réellement déprimant, tu sais ? Je n’ai même plus faim. Si la vie n’est que souffrance, pourquoi la vivre ? »
« La vie n’est pas souffrance ; simplement toi tu souffres, au lieu d’en jouir, jusqu’à ce que tu abandonnes tous les attachements de ton mental pour t’élancer sans entraves, quoi qu’il advienne. » »
(extrait de « Le guerrier pacifique » de Dan MILLMAN)

*source du Penseur d'Auguste RODIN

J’ai voulu redevenir une petite fille ce week-end, aimée et entourée… je suis restée une maman, aimée comme telle…encore heureux que le petit loup est accompagné de son papa ! La désillusion est très douloureuse, depuis des années. Mais est-ce que les livres font le même effet qu’une personne qui nous guide ? N’est-ce pas plus long ? Je pense que si, la fuite est très rapide, trop…
Une tasse de thé et je reviendrais vous parler de plusieurs livres ( celui dont l’extrait est tiré, j'en parle ici, « L’élégance du hérisson » de Muriel BARBERY, « Elle s’appelait Sarah » de Tatiana de ROSNAY), de Montessori, de thé, d’ethnomédecine, de macrobiotique… de… de …je fais taire mon bavardage mental (art-thérapie et peut-être méditation à la Matthieu RICARD ) et je reviens !

jeudi 23 octobre 2008

Dites 33!

« Quand je pense au go… Un jeu dont le but est de construire du territoire, c’est forcément beau. Il peut y avoir des phases de combat mais elles ne sont que des moyens au service de la fin, faire vivre ses territoires. Une des plus belles réussites du jeu de go, c’est qu’il est prouvé que, pour gagner, il faut vivre mais laisser vivre l’autre. Celui qui est trop avide perd la partie : c’est un subtil jeu d’équilibre où il faut réaliser l’avantage sans écraser l’autre. Finalement la vie et la mort n’y sont que la conséquence d’une construction bien ou mal bâtie. C’est ce que dit un des personnages de Taniguchi : tu vis, tu meurs, ce sont des conséquences. C’est un proverbe de go et un proverbe de vie.
Vivre, mourir : ce ne sont que des conséquences de ce qu’on construit. Ce qui compte, c’est de bien construire. Alors voilà, je me suis donné une nouvelle astreinte. Je vais arrêter de défaire, de déconstruire, je vais me mettre à construire. »
(extrait de « L’élégance du hérisson » de Muriel BARBERY)

Dites 33 ! …33…33 ! J’ai 33 ans aujourd’hui et enfin je construis. En réaction, encore et pourtant, plus seulement spécialiste du comblement des ruines mais bâtisseuse. Je ne suis pas une tacticienne, il y aura des combats mal menés, des constructions bancales, peu droites… mais les murs progressent, les escaliers sont installés… ma vie est belle. Je me prendrais encore les pieds dans les tapis… mais j’aime tout de même des moments où tout est molletonné, doux aux sens, au cœur et à l’âme alors tant pis, je prendrais plus de temps…

mercredi 22 octobre 2008

Yuja cha... un thé dans un bocal

Par cette saison, le thé est une boisson encore plus courante dans notre logis… encore plus, mais comment faire plus ? Et bien si un chouilla plus. Et le matin j’aime nous faire un yuja cha. Oui, oui, pour toute la famille, le petit lutin de 2 ans y compris. Un thé traditionnel coréen bien particulier. Le connaissant sans avoir été vraiment présentés, lui et moi, j’avais cru mal lire en reprenant un bocal (un thé dans un bocal ?! Vous voyez déjà… ?!). Mais ici point de Camellia Sinensis, le thé traditionnel coréen dont il est question est une infusion à base de yuja (yuzu en japonais ou you zi en chinois).


*source récolte de yuja. Et si vous voulez le préparer chez vous après récolte, c’est en coréen ( ?!)

Cette gelée d’écorce de yuja, mêlée à de la mélasse et du miel, se dilue dans de l’eau chaude et donne une infusion pleine de vitamine C revigorante pour les temps hivernaux : elle aide à lutter contre les maux de gorge, les toux, les rhumes, à renforcer la beauté de l’épiderme et aide l’organisme à lutter contre la fatigue ou le surmenage. En résumé, la médecine coréenne vous propose plusieurs « thés » en hiver et c’est ici. J’ai cru comprendre aussi que cette base en gelée pouvait aussi servir de boisson froide en été, un hwachae.



Alors, je sors mes tisanières coréennes en céladon. En espérant plus tard leur proposer un thé, de celui du camellia, pour qu’elles se patinent, se gorgent les pores… en attendant, pour pas être laissées seules inusitées sur l’étagère, elles prennent le chaud, deviennent douces et arrondissent les angles d’une saison où le soleil et sa lumière nous manqueront. Un thé en gelée de yuja redonne de la couleur dans la tasse, au moins.
Je m’imagine rentrer dans une maison de thé coréenne et être envahie des effluves de thé mais aussi d’agrumes, de jujubes, de gingembre etc… il parait que dans ces lieux le thé n’est pas forcément la boisson la plus proposée.

J’ai pensé à Francine et ce billet qui devait être pour dans quelques jours trouve une nouvelle saveur en considérant le matcha au yuzu dont elle nous parle… il faut oser ! Et cette « infusion de thé », Francine : te tente-t’elle ?

mardi 21 octobre 2008

Près du four et douce-amère dans Paris

Parce que j’aime beaucoup ce qu’elles font, parce que leurs recettes n’est pas forcément ce que je viens chercher chez elles… un billet à la manière de Patoumi, La Mangue, Les chéchés … et un clin d’œil à Rose (je n’ai pas son talent pour lier littérature et festin, repas dominical oblige).

Le temps a changé et ma saison préférée a pris le relai… fini les marrons, les feuilles mortes les remplacent et crissent sous nos pas. Je suis encore entre parenthèse, sans travail, sans recherche réelle, sans enfant (dans la journée) et sans ambition professionnelle… entre parenthèse et pourtant en construction… complète, à petit pas et pourtant à grandes enjambées.
Les jours se suivent et ne se ressemblent pas, le frimas me fait regarder en l’air… j’y vois ces pigeons détestables enfin à une distance qui me plait.

Ces petits rats des airs me sont pourtant nécessaires… la capitale leur appartient aussi et la carte postale ne serait pas complète sans eux, comme la Venise de Holly Golightly. Je les déteste parce que pustulants, aux difformités de plus en plus visibles, cannibales (un sandwich au poulet ne les gêne pas !). Ou est-ce Patrick SUSKIND qui me laisse un goût amer pour ces volatiles qu’enfant j’appréciais, pour courir derrière et pour les ridiculiser lors de leur parade amoureuse. J’aime ces promenades aux buts désintéressés, ou juste pour lécher les vitrines des librairies, fureter devant des maisons de thé qui paraissent non admises au public, où il faut pourtant ne pas hésiter à entrer.


Alors en ramenant la poussette vide et en suivant la lune, je me balade dans le Paris que j’aime, en passant dans le parc, sous les taureaux ou les corbeaux.


J’aime particulièrement ces derniers, charognards aussi mais plus honnêtes que les pigeons. Ils sont aussi la part belle d’une atmosphère, entre le halloween merchandising et une saison de plus en plus morte, première étape plus sourde du cycle de la vie

Je fais un repas entre anciennes collègues où par discussion et silence, je confirme ne rentrer dans aucune case… bohème sans l’être, femme au foyer sans l’être, artiste sans… pourquoi faut-il mettre une étiquette à tous ? Pourquoi est-ce indispensable ? Pourquoi le système n’aime que les personnes constantes. Alors pour noyer ma gêne, je me promène, rêve et continue mon petit chemin, entre lecture, réflexion et blogosphère… plus silencieuse, plus spectatrice, simplement admiratrice. Je laisse fonctionner mon four…

Avec une Tarte aux poireaux et à la purée de noix de cajou de Makanai
4 poireaux
240g de farine
1 cuillérée à soupe de germe de blé
200g de tofu soyeux
85g de purée de noix de cajou + 1.5 cuillérée à soupe
La recette est
Et pour consoler la famille des tracas quotidiens mon premier Clafouti(s) aux raisins roses (suivi d’autres parce que si bon) de la même Makanai (oui, oui, une semaine où j'ai bien fouiner chez elle)
Une très belle grappe de raisins
4 œufs
100g de sucre
80 g de farine
1 cuillérée à soupe de purée d’amande blanche ou de noisette
1 cuillérée à soupe d’eau de fleur d’oranger
¼ de litre de lait de soja
La recette est

Pour le reste, heureusement, il y a de douces pensées, des déambulations artistiques qui valaient le détour : la Chine de France (le prénom, pas le pays !), dont je reparlerais, des moments de pur bonheur avec une tante, un matcha accompagné d’un namagashi (cette fois-ci un Aki Kaze) dans une atmosphère sous un bouquet de plantes sèches et près d’une tablée de frères avec leur mère.

"Aki Kaze Vent d'Automne
Les susuki sont des graminées hautes sur tiges. Elles font partie des mythiques Nanakusa, les sept fleurs sauvages qui fleurissent en automne, thème récurrent de la peinture japonaise. Le Aki Kaze forme un ovale rose pâle en pâte de riz glutineux dômyoji, fourré à la pâte d'azuki blancs et estampillé au fer chaud d'un motif de susuki couchés par le souffle du vent. "

Et puis ces promenades de week-end en famille à travers un Paris, d’une carte postale à une âme plus bohème. En passant, un tout petit parc donnant sur une place et une pensée pour Chrixcel.


Cela permet d’oublier la pluie et mes crises d’hystérie dans le métro. Et de redémarrer la semaine, dans le cahier et la lecture de la prose d'un élégant hérisson. Je continue aussi à remplir un colis en partance, aux effluves de thé et à trouver des détails partout, partout près à m’émerveiller
Un chat dans une caisse à (…)erb(..)


ou à me donner le vertige (intentions éducatives ?).

mercredi 15 octobre 2008

Cauchemars en blanc de papier et noir d'encre

En suivant François PLACE, cette fois-ci loin des géants, mais plus près des mangas, vous savez... ceux du grand peintre japonais HOKUSAI, ses « dessins au fil de la pensée » dont je reparlerais bientôt… une conversation fictive entre Hokusai et un élève, Tojiro:

Pour apprivoiser l’encre, il faut puiser une eau sans brindilles, ni poussières. Pour faire de l’encre noire, il faut une eau filtrée, limpide.
« - Regarde comme cette encre est belle. Tu comprends, maintenant, pourquoi il me fallait de l’eau claire ? L’eau c’est la clarté du jour et le blanc du papier. Le noir, c’est le velours de la nuit et l’encre satinée du pinceau. Si tu sais faire correctement de l’encre, tu n’auras plus jamais peur des cauchemars…
- Peuh, je ne fais jamais de cauchemars !
- Crois-moi, petit moineau, celui qui sait apprivoiser le blanc du papier et le noir de la nuit peut dessiner tous ses rêves et ses cauchemars…
- C’est vrai, demande Tojiro ?
- C’est ce que je fais depuis que j’ai ton âge. »

(extrait du livre roman-dessiné, « Le vieux fou de dessin » de François PLACE)

*source "L'esprit de Dame Oiwa en lanterne brûlée" de Katsushika Okusai (lien à lire pour une légende à cette illustration)

Après il ne reste plus que du papier de riz à avoir sur soi… et un yatate coincé à la ceinture, très pratique pour une vie nomade

*source yatate

lundi 13 octobre 2008

J'aime leurs émotions

Parce que certaines (Malice, Arlette ) m’ont fait l’honneur de me présenter dans la liste des blogs qu’elles aiment. Parce que j’aime vous emmener dans des lieux choisis. Voici cette fois-ci quelques chemins de murmures, où il est question d’effeuillage émotionnel…vous vous rappelez Emilie Muller


*source Tamara de LEMPICKA

Dans le désordre :
La boite à sardines, pour la pudeur, l’air de ne pas se dévoiler tout en nous offrant entre deux recettes beaucoup d’eux, de la grâce, des atmosphères, de l’intimité et des couvertures sur les épaules de la vie.
La théière nomade, pour cette générosité dans la passion du thé. Pour ces dévoilements d’une vie bien remplie avec ses parts de doutes, ses joies, ses peines, ses humeurs et l’humble attitude de son hôtesse si généreuse.
Le zhong nomade, pour ce parti-pris d’être lui-même, d’offrir aussi une vision de sa passion pour le thé mais aussi des réflexions, une spiritualité aigre-douce, les rugosités de la vie.
Le petit boudoir de Lamousmé, pour cette impudeur, cette mise en scène du désir, de l’amour… parce qu’elle nous présente une femme libre, vivante, vibrante, effrontée
Fenêtre sur la cour, pour ces moments d’écriture, ces cahiers ouverts, mais aussi les mises en valeurs de femmes, de peinture, de créativité
Les roses de décembre, pour tout ce qu’il y a : des réflexions poussées, du cran, des partis-pris… de la générosité
La crique de Siréneau, pour tous ces moments intimes ou fictifs, pour cette pensée précise, au scalpel, pour cette émotion et une vision aigue de la vie

Et puis si vous voulez d’autres chemins, je vous indiquais 6 choses sans importance me concernant et mes liens virtuels pour les satisfaire. Et puis, mes coups de cœur pour la réflexion, pour la créativité, pour la découverte du thé comme breuvage spirituel, pour les coups de cuillère et tous les autres liens que je n’ai pas encore mis en avant dans les moments de vie, l’ailleurs, la parentalité et notre bien-être (ou celui des autres)…
J’aime beaucoup de mondes virtuels, beaucoup de vous… et vous, vers quels chemins souhaitez-vous nous emmener ?

Carnet de vie, d'écriture, de créativité

Devenir parent m’a mise dans un désordre complet : les questions fondamentales me revenaient en tête comme une spiritualité du quotidien. Ce fut aussi un moment de très grande énergie. Une énergie qu’il faut canaliser ou laisser jaillir. J’ai eu du mal.
En lisant « Elever son enfant autrement » de Catherine DUMONTEIL-KREMER dont je parlais , j’ai retrouvé cette déculpabilisation des parents que j’avais lu aussi dans « L’allaitement de mon enfant, toutes les clés pour un allaitement réussi » de Marie-Dominique LINDER et Catherine MAUPAS (rappel: à mettre dans les mains d'une maman même non allaitante). Mais en plus, j’ai pu aller de l’avant sur une obligation que je m’étais faite : travailler sur moi pour que le petit d’homme ne soit pas un pansement sur mes maux, du présent et du passé.

Il y a travail sur soi et … travail sur soi. Je ne néglige aucune thérapie, du corps, de l’âme, de l’esprit ou du mental… je crois même que certaines étapes de la vie sont si délicates (voire si douloureuses) qu’il nous faut être aidé. J’ai beaucoup plus pris le pli d’approfondir des approches reliant le corps et l’esprit, l’haptonomie (dont je parlais ) ou le shiatsu (que je vis comme tel, si, si), je dois avouer aussi un certain scepticisme sur les thérapies qu’elles soient psycho ou psycha, ou encore cognitives. Et puis il y a tellement de thérapies possibles, n'est-ce pas ? Mais voilà, il reste ce mental (petit parasite va !), à ne pas confondre avec l’esprit… j’y reviendrais en parlant d’un livre qui m’a marquée « Le guerrier pacifique » de Dan MILLMAN.
Ne sachant pas à quel saint thérapeute me vouer, j’ai trouvé une alternative des plus attrayantes dans le livre de Catherine DUMONTEIL-KREMER dont je parlais plus haut. Il s’agit d’une technique d’art-thérapie, autre forme de psychothérapie. La plume (stylo ou souris) me démange… cela se voit, non ?! Et j’aime dessiner autant pour le plaisir des formes que pour le geste lui-même de mettre de la couleur, une trace de graphite argilée, de créer un point, une ligne, une courbe, une perspective ou un chaos. Alors c’était déjà une base solide. De plus, je n’avais pas besoin d’offrir ma confiance à un expert, parce que l’expert se sera moi. Et oui, c’est l’idée du journal créatif.
J’ai suivi en cela le livre « Le journal créatif, à la rencontre de Soi par l’art et l’écriture » d’Anne-Marie JOBIN, art-thérapeute.

Si vous ne savez pas ce qu’est l’art-thérapie, n’hésitez pas à lire ici. Oui, nous connaissons tous les propriétés relaxantes ou au moins réfléchissantes (comme dans un miroir) de nos écrits au jour le jour dans notre journal. Cela permet de remettre à plat certaines idées, certains troubles du quotidien.

Là, le journal créatif ajoute un plus, l’usage du dessin autant que de l’écriture permet de mettre en avant une part de notre émotionnel. Les techniques, alliant rapidité d’exécution, perte de repère, mises en perspective et utilisation de la main non dominante, nous donnent accès à notre mode intuitif et aident à nous nettoyer du verbiage mental et du jugement de beauté qui, certaines fois, nous paralysent. Un journal intime, un carnet de croquis, mais aussi et surtout un journal de bord des émotions, des turbulences, des points faibles et des solutions personnelles. Il s’agit là d’une méthode dynamique, à la portée de tous, qui allie épanouissement personnel et soutien, voire guérison, lors des grandes émotions de la vie.
Le sujet du livre est aussi bien plus spirituel qu’il n’y parait. Derrière une nouvelle démarche de « développement personnel », le parti-pris est donné à la créativité comme acte fondateur de la vie. La créativité est alors un principe de santé, comme le confirme ce billet. Une nouvelle approche de l’art est aussi envisagée, en suivant Betty EDWARDS dont je vous parlerais, l’art, ou plutôt le talent, n’est plus une forme de privilège. Enfin, notre rapport à la quête de sens et au monde apparait différent. Loin de nous disperser, le journal créatif permet de nous recentrer sur nous pour être ouvert aux autres et au monde (et non de nous regarder le nombril).


Les techniques sont nombreuses et permettent de ne jamais se laisser aller à la peur de la page blanche : dialogue, caricature, écriture en folie, spontanée, diagramme, brainstorming, mandala, barbeau. Le journal créatif est aussi bien un journal intime du quotidien, qui choisit aussi d’autres regards sur soi, qu’un moyen créatif de passer les grandes étapes de la vie….ainsi le livre est coupé en deux : une démarche personnelle et intuitive de l’utilisation des techniques et un accompagnement précis pour des questions et des blocages, voyez plutôt. En attendant d’autres billets plus en profondeur, vous trouverez un avis intéressant et pertinent ici et vous pouvez lire ce qu’en dit Anne-Marie JOBIN sur son site.


Pour ma part, cette démarche, ne serait-ce que l’écriture spontanée tous les matins pendant 20 minutes, me permet d’avoir les idées claires et moins embrouillées par mon stress de la vieille. Mon carnet est devenu celui de l’écriture et du dessin, spontanés. Un petit clin d’œil à Miss fenêtre sur la cour et sa maison d'écriture. Et puis Caroline va même plus loin, elle vous dévoile que nous nous sommes vues et que nous avons parlé créativité, la mienne, la sienne... ce fut, d'ailleurs, Caroline, un merveilleux moment, pas très ethnique, c'est vrai, mais intense!

vendredi 10 octobre 2008

Ma bibliothèque de flexitarienne culinaire

Je suis de celle qui a besoin d’être initiée, au thé, à la peinture, à la cuisine etc… Ma maman a préparé à manger depuis le début des années 1980 de manière macrobiotique. Elle reprenait ainsi des ingrédients jusqu’alors inconnus, pour végétariens mais aussi des ingrédients japonais.
J’ai récupéré ses livres de macrobiote et vous en parlerais plus une autre fois. En tous cas, je suis restée avec une connaissance des produits mais pas forcément une réelle maîtrise de leur préparation et aussi de leurs accommodations gourmandes. Le principe macrobiote étant plus une « doctrine » à visée thérapeutique qu’une ouverture culinaire gastronomique.
J’ai donc réappris, par la pratique et aussi et surtout par l’achat de livres nécessaires pour apprendre les us de ces ingrédients différents mais aussi savoureux, mais si, mais si !

Voilà donc de quoi agrémenter une bibliothèque culinaire de flexitarien (personne omnivore de plus en plus intéressée par les plats végétariens). Les trois livres dont je parlerais en premier sont des indispensables parce qu’ils nous révèlent les astuces des ingrédients.




« La nouvelle tendance végétarienne » de Virginie PEAN
Mon dernier achat est bien le premier à faire pour toute personne intéressée par le tofu, le seitan, les algues etc… sans oser commencer. Je ne détaillerais pas les recettes que Virginie, de l’excellentissime blog Absolutely Green (dont je parlais ), pour initiés (et pas seulement), nous laisse. Elles sont bonnes, à prendre, à refaire, comme toutes celles qu’elle propose sur son blog ou lors de publications de magazines végétariens auxquels elle participe. Ce qui m’intéresse le plus ici c’est sont postulat de base : ouvrir une autre fenêtre à tous les omnivores ! Elle part du principe que nous n’y connaissons rien et qu’il nous faut être initié. Même pour ceux qui connaissent déjà les produits, comme moi, Virginie nous donne des éléments indispensables à savoir. Une petite idée des protéines végétales, tout d’abord, par rapport aux protéines animales et le préjugé sur les carences d’une alimentation végétarienne. Puis, et c’est là le plus important, une description de tous les produits à utiliser. Ce n’est pas seulement un inventaire mais bien une description de l’intérêt de cette alimentation vivante et des quiproquos derrière.
A chaque type d’aliments, céréales, fécules et gélifiants, légumineuses, algues, graines germées, huiles, laits végétaux, sucres, produits lactofermentés, protéinés, colorants, boissons etc… Virginie vous présente leurs bienfaits mais aussi leur cuisson de base, des questions d’assimilation, des astuces pour remplacer les œufs, le lait de vache, la crème fraiche, le beurre etc… ainsi chaque ingrédient trouve sa place dans une cuisine pas « sans » mais autre. Comme elle le dit, ici il est question d’un livre « B.A-Ba du végétarisme » et pour la flexitarienne que je suis, j’avais encore bien des choses à savoir !
Militante convaincue, vous n’échapperez pas à l’historique et aux combats anti carnivore mais aussi une vision personnelle de comment nous pouvons en arriver à ce genre d’alimentation différente. Vous voulez en savoir plus, n’hésitez pas à lire le communiqué de presse de son auteure.


« Cuisiner bio, mode d’emploi » de Valérie CUPILLARD
Un indispensable ! Là, par ordre alphabétique, vous aurez pour chaque produit d’une cuisine biologique, ou tout simplement végétarienne, une description et les astuces, un mode d’emploi et deux ou trois recettes avec l’ingrédient. C’est le seul livre que je connaisse qui offre une aussi facile utilisation. Mais pour cela, il faut déjà avoir passé le pas et avoir acheté ces premiers ingrédients, même à l’aveuglette. Vous y retrouverez les céréales, crèmes, farines, flocons, algues, protéinés, fécules et tout le reste avec la générosité en astuces dont fait preuve cette auteure. Pour en savoir plus, c’est ici. Je vous recommande aussi sa cuisine aux huiles essentielles dont je parlais , et encore et toujours son blog Biogourmand à mettre entre toutes les mains.


« L’alimentation intelligente » d’Alessandra BURONZO
Là aucune recette mais bien une discussion de fond sur l’alimentation et les schémas ancrés. Je vous en parlais en tant qu’éducation alimentaire.
Il est bien question de cela. L’auteure reprend notre façon de nous alimenter et décortique les bienfaits de chaque aliment et les erreurs faites jusqu’ici. Il nous est proposé de faire le point d’un point de vue scientifique et thérapeutique sur les aliments eux-mêmes. Ce livre permet aussi d’ouvrir notre panel d’aliments ou de consommer au mieux certains autres. Une vraie réflexion sur l’alimentation saine, vivante, sans culpabilisation mais bien une ouverture sur plus de plaisir à se nourrir (et non seulement un devoir)… pour une alimentation intelligente et à notre manière. L’auteure nous parle de son parti-pris . Je reparlerais de ce livre. N’hésitez pas non plus à vous perdre sur son site.

Premier condensé de bibliothèque culinaire sur X...

lundi 6 octobre 2008

Joyeux anniversaire Y

Voilà, il y a un an, il avait 1 an ! Après être présenté selon nous « il est le fils de… », nous venons en second… « Ah vous êtes les parents de »… quelle belle récompense. Un petit d’homme en plein dans sa vie.
Le temps passe vite… allongé, assis, debout et maintenant courant…

Ses premiers mots ont laissé place aux seconds, oubliant un peu le perroquet… il sait maintenant communiquer à la manière des adultes. Quelle adaptation, encore, précipitée par notre compréhension moyenne de ce qu’il voulait, avant… bien sûr, en y regardant de plus près, ses gazouillis, ses mimiques et gestes, ses regards en disaient longs. Bien sûr nous avons été communicants… et aveugles.

Ses mains sont devenues plus agiles, ses gestes plus précis. ses câlins sont de retrouvaille et d’affection, toujours gratuits mais avec cette considération de la distance, de l’absence.

Il grandit. A qui ressemble-t-il ? A lui pardi ! Rien qu’à lui, une dose de papa, un soupçon de maman et tout le reste venant de lui, tout le reste choisit par lui. Il s’émerveille, se frustre, se met en colère… et puis se calme, s’éveille, se renfrogne. De moins en moins au diapason avec sa maman, il devient plus « autre », autonome dans le geste mais aussi dans ses humeurs…

Je l’aime du lever du soleil à son coucher… sans oublier les nuits avec et sans lune. Je l’aime câlin, jaillissant, boudeur et en colère, je l’aime tyran même si je le préfère prince en son royaume, je l’aime mutin et lutin, je l’aime sur la réserve et grandit. Je l’aime parce qu’il vient de là, de l’intérieur, mais aussi et surtout... maintenant... parce qu’il est lui !

Cela fait deux ans qu’il nous apprend à être nous, parents mais aussi homme et femme. Merci !

Des trésors... partout, partout

Ce que j’aime avec les personnes à la créativité éveillée, c’est de découvrir des trésors dans chaque petit détail de la vie. La Fille du Consul nous invitait à fêter les 2 ans de son blog professionnel. Je m’y plie avec enthousiasme, grâce à elle, porter des trésors au quotidien est chose facile…



Découvrez Juliette!



Une balade quotidienne avec notre petit d’homme et voici tous nos sens en éveil… le mouvement dans les branches et les feuilles qui dansent… Un autre univers, enchanté, comme celui-ci mais au jour le jour... dans chaque petite chose, il suffit de fermer les yeux...


*source Brian FROUD

Une course jusqu’à la place aux merveilles, des feuilles vertes et jaunes, avec une tendance à devenir brunes au fil des jours… et puis des marrons, des malingres, fissurés, mais aussi des beaux, dodus et charnus, à la belle couleur homogène.
Après, nous restons sur place, avec un ou deux pas dans la direction de la maison, à poser un à un les marrons de ma main, puis à les retirer et les mettre dans sa poche…un à un. La poche est trop remplie, aucun souci, le lutin est partageur, son trésor tout entier arrive dans la mienne, la plus proche… un marron, un autre marron, encore un… et un… et un.
Mais comme tous les trésors, il faut ouvrir le coffre à chaque fois, pour être sûr qu’il n’a pas disparu. Alors, après un pas de plus en direction de notre point d’arrivée, il faut remettre un à un les marrons dans sa petite poche de manteau.


A la maison, ils vont retrouver les pommes de pin ramassées à une autre saison et mises conscienceusement dans le sac de la poussette… il n’en reste que peu. Bien sûr, le petit d’homme a découvert que ces trésors d’une autre saison laissaient échapper d’autres minuscules « pierres précieuses » quand ils étaient plongés dans l’eau du bain.
Un coffre à trésors, perpétuellement ouvert, permettant de reprendre en main chaque objet précieux, permettant de rendre la « chasse » continuelle… et pas seulement à l’extérieur de la maison.

Pour moi, les marrons sont au pied d'une balançoire. Alors mes trésors ont changés : ils sont plus gros, tout aussi précieux, de saison bien sûr. Ce sont de ces légumes si imposants que nous pourrions en faire du land art. Mais c’est vrai que mes trésors ne se cachent pas aussi facilement, coloquinte, courge, potimarron, pâtisson…


Mais non, pas la citrouille de Cendrillon, pas ce carrosse de conte de fée… à moins que cela soit une théière :

*source théière citrouille en raku de Yolande PEUVRIER

… mais bien le légume, lui-même, tiré par des rats des champs (non, non pas des villes tout de même)… ou à la boutonnière comme le propose Shantti

*source Jean-Baptiste MONGE

… et même mieux, un champ lugubre ou simplement équivoque, plein de quiproquos, un champ à la Jack.

De toute façon, ils ne feront pas long feu mes cucurbitacées, bientôt ils seront dessus… pour servir de décor à un sortilège, avec un chapeau pointu, des fantômes et une verrue. A moins qu’ils ne passent tout gentiment dans le chaudron pour une soupe… allez avec un peu de pincée magique


*source « La cuisine des fées ou comment faire des merveilles sans être magicienne » de Anne et Annie PAVLOWITCH.

Des trésors précieux mais éphémères, toujours renouvelés. Et si jamais je les veux éternels, il ne me reste plus que la Fille du Consul pour me permettre de les avoir toujours près de moi, autour du cou ou sur le cœur. Une branche de gui et un mendiant sont déjà venus jusqu'à moi… et le mystère restait entier. Quant au lutin, lui, il garde ses trésors encore dans ses rêves...

dimanche 5 octobre 2008

Initiation aux thés verts japonais

Francine m’avait fait suivre une invitation où elle ne pouvait pas se rendre. La malheureuse. Alors, en m’y prenant à la dernière minute, j’ai réussi à me faufiler à une des dégustations de thés verts japonais du magasin importateur direct Chajin.

Nous avions rendez-vous dans un château/hôtel parisien et nous nous sommes retrouvés entre une ambiance bien cosy française (avec des portraits de personnages importants, des moulures, un immense escalier simple se scindant en deux en montant, des statues) et le Japon.


Les photos de Mr Xavier NEGIAR nous ont tout de suite amenés à côté des plantations. Des photos de théiers bien sûr mais aussi beaucoup sur la technique de couvrage de certains thés verts. D’un côté, une sorte de canevas, comme un tissu dentelé, ouvragé et aux mailles espacées, de l’autre, un grillage et ses ballots de paille attendant les prochains jours pour être disposés sur les théiers, puis un laçage de paille au fil blanc d’une vieille femme planteuse, qui, au fur et à mesure de la saison avant la récolte, étend ses « broderies », de plus en plus serrées.
Et puis ces jikatabi …pas de visage et pourtant la passion de ce breuvage apparaissait déjà.

Trois tables nous attendaient aussi pour des dégustations de thés verts japonais. Nous avons pu nous mettre les papilles en éveil avec un hojicha grillé à la main juste avant notre arrivée dans une casserole incurvée de chaque côté et une excellente pâte d’amande au matcha faite par un maître confiseur, avec nous lors de cette séance.
Le mieux fut cependant cette rencontre avec les producteurs japonais. Un couple de passionnés, le mari est un instructeur de thé (un maître de thé ?) très connu au Japon. Ce titre très élogieux n’a pas empêché notre « hôte » d’honneur de se révéler extrêmement généreux en explications, en temps et en sourire/attention. Dans son service de sincha, précautionneux, généreux et avenant. A boire les trois infusions, je crois bien que je n’arriverais pas à ce résultat à la maison… ils avaient la bouilloire de Benead et les doses, l’infusion a été très rapide. Un vrai moment de plaisir et quelle délicate inspiration que son écusson … un plateau de thé, une tasse et la théière en action, à transmettre la dernière goute si importante du breuvage, un 8, l’infini, l’éternité mais aussi l’expansion et le partage.
J’ai été très étonnée aussi par le thé (le produit sec), j’ai l’habitude, avec les oolongs que je bois, d’avoir des feuilles entières, là ce sont de toutes petites « aiguilles »… impressionnant. Et encore plus par ce matcha, pas du tout amer, même si nous avons eu le droit au sucre pour adoucir l’amertume : un higashi, soit un wagashi fait à base de sucre et de farine… une vue des cimes de montagne jusqu’aux fleurs et aux vagues…comme du sucre glace très parfumé, j’imagine qu’il se rapproche d’un suiko de chez Toraya.
Nous avons pu apprécier ce matcha avec bonheur, pas amer car ses feuilles étaient dénervées, broyées puis moulues au dernier moment. Un matcha fouetté et non tourné (le fouet en bambou, chasen, agite latéralement, d’avant en arrière, sans rotation !), mousseux à souhait. La préparation était elle-même illustrée par les dessins du producteur.

En rétro olfaction une impression de cerisier, sakura… va falloir que je me l’achète, c’est pour la semaine prochaine, sûr. Je rêve ainsi d’un Haku-yu, d’un Chasen et d’un Chashaku… et puis d'un passage non éclair chez Chajin biensûr!

Loula a eu la chance d’aller aux dégustations aussi… merci infiniment Francine. Et puis je viens de savoir que la pâtisserie japonaise place de la Madeleine a fermé. Quel dommage ! Il nous reste Toraya, la plus vieille de la capitale. Et enfin, Mr NEGIAR prépare un livre, je suis prête !

jeudi 2 octobre 2008

Une leçon de piano

Couleur d'automne... et du Keith Jarrett (merci Siréneau de me l'avoir fait connaître et le morceau était fabuleux, une vraie leçon de piano), pour mettre mon corps en mouvement et en rythme à la façon Jaques-Dalcroze... allez un petit effort

Keith Jarrett Trio, "Autumn Leaves"

De la rythmique dans la vie

En lisant « Totto-chan, la petite fille à la fenêtre » de Tetsuko KUROYANAGI, dont je parlais , j’ai vraiment été touchée par une pédagogie musicale différente. En effet, le directeur de l’école primaire TOMOE, où la petite fille a passé quelques années, a été le premier à exporter la pédagogie JAQUES-DALCROZE dans le milieu scolaire de l’enfance au Japon.

Je suis incapable d’être en rythme dans le chant, la musique ou la danse. Alors, la pédagogie d’Emile JAQUES-DALCROZE basée sur l’apprentissage du mouvement par et pour la musique comme une manière de vivre m’a rendue perplexe… puis enthousiaste. Il s’agit d’investir notre corps et de le rendre sensible au rythme et à la musique. Nous sommes loin des cours de solfège ou de danse traditionnelle. Ici il est question de naturel avant de laisser parler la technique…
Par des exercices de « rythmique », le corps évolue en entier et fait appel à la voix et aux sens auditif, visuel, tactile et kinesthésique. Avec la musique, le corps est en mouvement et par des jeux, des exercices de coordination, de réaction, de dissociation et des improvisations, les élèves apprennent les notions de rythme (mesure, carrure, pulsation, rapport des durées), d’harmonie et de mélodie (gammes, tonalités, intervalles, accords). Le solfège n’est pas forcément présent.

*source du dompteur, site français JAQUES-DALCROZE

Il n’y a pas de méthode unique et chaque enseignant a improvisé sa vision de la « rythmique », très différente des méthodes passives d’enseignement de la musique ou de la danse traditionnelle. Ainsi le Directeur de TOMOE, Mr Kobayashi, après avoir suivi des cours en Europe, a dispensé les siens tous les matins à ses petits élèves : sur une musique jouée au piano, ils marchent de « façon parfaitement décontractée, en traînant presque le gros orteil par terre » puis ils adaptent l’allure au nombre de temps dans le rythme, 2 temps, 3 temps, jusqu’à 6 temps. Les mouvements des bras suivent, s’accélèrent, se modifient en fonction avec une gestuelle spécifique au nombre de temps. Et puis les changements de temps s’opèrent, il faut s’adapter ou continuer dans l’ancien rythme jusqu’à nouvel ordre « Quand on lui demandait ce qu’était la rythmique, M.Kobayashi répondait : « C’est un jeu destiné à affirmer les mécanismes corporels, un jeu qui apprend à l’esprit à contrôler les mouvements du corps et à l’esprit de comprendre le rythme. Par sa pratique, la personnalité trouve son rythme. Une personnalité rythmée est belle et forte, et se conforme d’elle-même aux lois de la nature ». »



Mr Kobayashi, persuadée de l’intérêt de cette pédagogie pour harmoniser le corps et l’esprit, avait poussé la pratique par des séances, son cours de musique, de dessins à la craie sur le parquet de la salle commune. Affalés, couchés, assis, ou dans n’importe quelle position qui leur convenait, les enfants dessinaient les rythmes en notes de musique sans portée, fluettes ou grosses, prenant tous l’espace ou microscopiques… elles devenaient des dessins d’enfant et de vie : une « cabriole » par-ci, un « drapeau » par-là, un « drapeau-drapeau » ou un « double-drapeau », une noire, une blanche avec ou sans « grain de beauté », une ronde….

*source peinture de Ba Da Shanren (Shitao), Galerie de Andy

« Une grenouille qui saute dans un étang : qui n’a jamais assisté à pareille scène ? Pourtant seul Bashô a pu écrire :

Le vieil étang
Une grenouille plonge
Le bruit de l’eau !

(…) Le directeur rappelait alors la célèbre formule : « Rien n’est plus à craindre en ce monde que d’avoir des yeux incapables de voir la beauté, des oreilles incapables d’apprécier la musique, un esprit incapable de saisir la vérité et un cœur incapable de s’enflammer ». C’est là sans doute ce qu’il cherchait à éviter en incluant la rythmique au programme de l’école. »

Pour vous faire une idée de cours de solfège enseigné ailleurs avec ce même esprit JAQUES-DALCROZE, voici quelques extraits :


Cours de Rythmique-Solfège II
envoyé par Dalcroze


Cours de Rythmique-Solfège V
envoyé par Dalcroze


Cours de rythmique Parents-enfants
envoyé par Dalcroze

Pour en savoir plus sur cette pédagogie, lisez donc ici sur leur site français. La finalité de la rythmique (et une définition plus complète de la rythmique de JAQUES-DALCROZE) vous est présentée et puis n’hésitez pas à essayer le petit questionnaire en bas de cette page, très instructif sur notre façon de concevoir la musique et le rythme. Il est aussi très intéressant de voir qu’en considérant l’espace, le temps, l’énergie dans le mouvement et la rythmique, cette pédagogie sert aussi en cas de handicap ou d’exercice de psychomotricité, par exemple pour les séniors.

Et Totto-chan m’a encore emmenée plus loin dans la découverte de la danse, comme j’aurais aimé en faire, loin des pointes ou des dictats, bien plus près de chacun tout en étant aussi énergique (et sportif). Elle a suivi quelques cours avec le célèbre professeur Baku ISHII, chorégraphe réputé, fondateur du « Centre de Recherches sur la Danse » à Jiyû-ga-oka. Paradoxalement elle attendait plus de rigueur, de pointes et de postures, des battements de cygnes pour danser sur le lac ! J’aurais aimé, pour ma part, répéter des phrases en musique comme « Soleil sur la montagne ! » : « - C’est bien que tu veuilles être un cygne, mais ce que je voudrais, c’est que tu prennes goût à danser à ta manière. » Oui j’aurais aimé… ainsi j’aurais pu suivre le rythme… avoir l’oreille et apprécier ce que la musique a à nous offrir. J’aurais vraiment aimé que Cécile nous livre son avis sur cette pédagogie, elle qui sait si bien parler de musique.